À propos

Notre projet de recherche consiste à étudier et promouvoir le dialogue entre les diverses communautés canadiennes (francophone, anglophone et autochtone) dans le monde des comics et des BD.

Les trois coordinateurs :
Sylvain Lemay, Chris Reyns-Chikuma, Sylvain Rheault

Le dialogue entre les diverses communautés canadiennes n’a pas souvent été facile. En fait jusqu’à récemment, il a souvent été agressif quand il était possible. Depuis la deuxième guerre mondiale il s’améliore aidé par des conditions économiques favorables (entre autres grâce une certaine globalisation) et par des politiques fédérales et locales explicitement multiculturalistes au Canada. Les contacts entre les trois communautés principales, d’abord entre les deux groupes linguistiques, puis plus récemment encore, avec la troisième communauté des Premières Nations, se sont accrus, même si des tensions persistent. Cela se voit entre autres dans les productions culturelles qui accueillent de plus en plus l’Autre sous diverses formes (créateurs, personnages, événements, traduction, …). Ainsi des livres (essais, romans, …), des pièces de théâtre, des films, des programmes de télévision ont contribué à établir, renforcer et discuter de ce dialogue.

Déjà en 1945, Hugh MacLennan, Canadien-Montréalais anglophone, publie son deuxième roman intitulé Two Solitudes. Ce livre remporte un énorme succès et l’expression « 2 solitudes » en français et en anglais a rapidement pris racine dans la culture canadienne pour traduire le manque de communication entre les deux communautés linguistiques, francophone et anglophone (les seules reconnues officiellement à l’époque). Ce manque était réel tant dans la vie quotidienne et ordinaire que dans la vie culturelle. Ainsi la littérature (roman, poésie, théâtre, …) en français n’était que rarement lue ou traduite par des anglophones ou influencée par la littérature canadienne anglophone, et réciproquement.

L’histoire des bandes dessinées canadiennes (comics) et québécoises (BD) ne fait pas exception. Les deux volets de la production nationale se sont développés de façon parallèle sans vraiment tisser de liens. Ainsi, si plusieurs essais traitent de l’histoire de la bande dessinée au Canada, aucune ne tient compte des deux réalités à des rares exceptions (Samson, Viau & Bell). Sauf pour les bandes dessinées de superhéros québécois (influencées par les superhéros américains) et la BD d’avant-garde (plus cosmopolite : e.g., Doucet), la tradition canadienne francophone a jusqu’à récemment suivi la tradition franco-belge et la tradition canadienne anglophone a plutôt suivi la tradition anglo-saxonne, surtout américaine. Or, si de nombreuses publications académiques et non-académiques ont été publiées sur ce manque de communication dans divers domaines, de manière surprenante rien n’a encore été publié sur cette absence dans le monde des Comics/BD. Nous cherchons donc à remédier à ce vide.

Notre projet se divise en trois parties. La première partie sert d’introduction et établit donc ces faits de manière systématique en utilisant des méthodes quantitative et qualitative couvrant la période de la fin du 19e siècle à 1990. Notre deuxième partie, le cœur de notre recherche, se concentre sur la période de 1990 à 2020. La troisième inclut la BD numérique (ou digitale), ainsi que les transferts venant d’autres mondes comme celui des mangas.

Notre recherche est basée sur certains concepts développés dans les études de Howard Becker et dans une moindre mesure de Pierre Bourdieu. Elle est en effet d’abord fondée sur le concept de « Comics worlds » qui s’inspire directement du « Art Worlds » du sociologue Howard Becker. Becker voit tout art comme une « collective action » (Art World, 1982-2008, 34). Similairement, comme Raymond Williams l’a montré pour d’autres arts et médias, la BD n’est pas seulement un « texte » mais une pratique sociale, a « cultural form » (Television, 1971). Pour compléter ce vaste projet de recherche, les trois fondateurs du groupe de recherche (Lemay, Reyns-Chikuma, Rheault) ont constitué un réseau de chercheurs et chercheuses qui selon leur spécialité et leur intérêt se charge d’entreprendre un domaine spécifique et le partager avec d’autres membres du réseau, ensuite avec d’autres chercheur.se.s et le public.

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